Abricots « Cet accord technique et gustatif correspond à la réalité des producteurs »
La Confédération paysanne a exprimé son mécontentement après le vote par Interfel, mardi 14 mai, d’une norme relative à la vente d’abricots soutenue par Pêches et Abricots de France. Or l’accord, qui a déjà été reconduit, date d’une dizaine d’années et « répond à la demande des producteurs », indique l’interprofession.
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La Confédération paysanne a fait part de ses craintes dans un communiqué après le vote d’une norme par Interfel, l’interprofession des fruits et légumes, qui impose à la vente directe d’abricots « les règles de calibrage et d’emballage actuellement en vigueur pour les détaillants ». Pour le syndicat, cela suppose pour les paysans « de s’équiper en matériel de calibrage coûteux et de sceller tous les abricots à confiture dans des emballages fermés ».
L’interpro unanime
« Ce qui a été voté hier est la reconduction d’un accord qui date d’au moins 10 ans et jusqu’à présent. Il répond à la demande des producteurs eux-mêmes et a toujours fait l’unanimité auprès des différentes familles de l’interprofession, recadre Daniel Sauvaitre, secrétaire général d’Interfel et producteur de pommes. Cet accord n’a pas d’impact pour le paysan qui vend à la ferme puisqu’il n’a pas besoin de le respecter. En revanche, il s’applique depuis une dizaine d’années aux étals de marchés, à la distribution et aux fruitiers. »
Mais la Confédération paysanne déplore que « ces dispositions constituent une attaque contre la vente directe, véritable îlot de survie pour de nombreux producteurs qui tentent d’échapper au marasme des circuits longs. Elles vont en effet entraîner une augmentation du temps de travail et des investissements supplémentaires inutiles. »
Pas de modification pour les paysans
« L’interprofession souhaitait qu’il n’y ait pas de confusion entre les fruits de qualité et les fruits à confiture pas beaux du tout. Certes, c’est un débouché moins valorisé, mais c’est mieux que de ne pas vendre du tout », réplique Daniel Sauvaitre.
« Cet accord technique et gustatif correspond à la réalité technique des producteurs, renchérit Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêche et Abricots de France. Ceux qui produisent de gros volumes sont déjà équipés, d’autres adhèrent à une coopérative. Pour les petits volumes, les producteurs emploient déjà la solution manuelle. Il n’y a aucune modification par rapport à 2015 [date de la seconde reconduction]. »
Se démarquer de la concurrence
André Bouchut, représentant de la Confédération paysanne à Interfel, craint que les prix bas en raison des volumes de production élevés en France ne bénéficient à d’autres. « Dans la Drôme, on va arracher des abricotiers. Tout ce qu’on arrache, c’est replanté en Espagne. » Il réclame donc la mise en place en Europe de « prix minimum d’entrée », soit l’interdiction pour un pays voisin d’exporter ses produits en dessous d’un certain prix.
Ce à quoi Bruno Darnaud lui répond : « Grâce à cet accord interprofessionnel, on démarque les produits français des étrangers. L’abricot français doit se distinguer gustativement et répond à des qualités techniques. » Et de conclure : « Je ne connais pas un producteur qui va manifester contre cet accord ! »
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